Marta Miller T2 : Un meurtre à la pointe by Catherine Coles

Auteur:Catherine Coles [Catherine Coles]
La langue: eng
Format: epub
Éditeur: City Éditions
Publié: 2023-05-03T12:22:28+00:00

8

Lorsque nous nous rendîmes au cabinet du docteur Reynolds, sa femme nous annonça, sans ambages, qu’il était trop occupé pour nous recevoir. Par ailleurs, ayant déjà répondu aux questions de la police, il n’avait aucune raison de se répéter.

Elle ne nous laissa pas d’autre option que de quitter la pièce exiguë qui lui servait de secrétariat. Dociles, nous sortîmes du bâtiment pour regagner la rue. Annie avait raison : Vera Reynolds était une épouse très protectrice.

— Et maintenant ?

— Elle a dit qu’il était en visites à domicile, rappelai-je. Je propose donc qu’on traîne dans le coin pour l’intercepter à son retour.

— Qu’on « traîne » ? répéta Luke, hilare. Ça ne me semble pas être une activité très convenable pour un pasteur.

Passer tout son temps en compagnie d’une femme mariée non plus, mais mieux valait ne pas le souligner.

Le cabinet médical était situé dans le bourg, dans la même ruelle que la boucherie, le pub, le primeur et la poste, pour ne citer qu’un échantillon des commerces. Nous passâmes devant chacune de leurs vitrines, laissant le presbytère et le parc derrière nous.

Au bout de la rue s’étendait un petit étang. Un groupe de cygnes flottait élégamment sur sa surface calme. Je désignai un banc sur la rive opposée.

— Regardez.

— Ce ne serait pas le médecin ?

— Je crois que si, répondis-je. Quel coup de chance !

— Je ne sais pas si son intention était de nous éviter, nous ou quelqu’un d’autre, mais, dans un si petit village, les cachettes ne doivent pas être nombreuses.

La main en visière pour protéger mes yeux du soleil, je l’observai plus attentivement.

— Je n’ai pas l’impression qu’il se cache.

Une fois plus près, nous vîmes qu’il était penché en avant, les coudes sur les genoux. Il se tenait un mouchoir sur les yeux et ses épaules tressautaient comme s’il sanglotait.

Luke se figea. La pitié se lisait sur son beau visage.

— On ferait mieux de garder nos distances.

J’étais déchirée entre l’entraîner vers l’avant et tourner les talons pour rentrer chez Annie. M. Reynolds serait humilié d’être surpris en pleurs, mais il nous fallait absolument lui parler. Son témoignage était primordial pour nous permettre de percer le mystère de la mort d’Helen.

Nous hésitions encore lorsqu’il leva la tête.

— Fermez la bouche, Martha, elle est grande ouverte, me souffla Luke avant de lever la main pour le saluer. Bonjour, docteur. Encore une belle journée !

— Je croyais que la discrétion était au programme à l’école des pasteurs, murmurai-je. Auriez-vous fait l’impasse sur cette leçon ?

— Oui, très ensoleillée, répondit M. Reynolds tandis que nous l’approchions.

Luke étudia son expression.

— Veuillez nous excuser, je sens que le moment est mal choisi.

Le médecin se poussa sur le banc.

— Pas du tout. Voulez-vous vous asseoir, madame Miller ?

Il semblait tout bonnement dévasté. La compassion l’emporta sur mon désir de l’interroger.

— Non, merci. On ferait mieux de continuer notre promenade et de vous laisser à vos réflexions.

— Pour tout vous dire, je ne serais pas contre un peu de compagnie.

— Dans ce cas, répondis-je avec calme, ma fébrilité réprimée, je vais me joindre à vous, si vous êtes sûr que ça ne vous dérange pas.

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